VERS LA GRANDE UNIFICATION
ou
Plus que 3 ou 2 interactions...
Philosophie et rêve d'unification des physiciens.
Les physiciens ont un rêve secret: Parvenir à expliquer l'ensemble des phénomènes de l'Univers avec un minimum d'élément: Réduire le nombre des particules (voir la théorie des supercordes) et le nombre des interactions à l'unité. Cette quête est-elle utopique ou réalisable?
Les
scientifiques, d'un optimisme enthousiaste, parient plutôt pour un
Univers connaissable dont l'apparente complexité peut, avec un peu
de chance, se réduire à quelques lois physiques basiques.
En effet, l'Histoire des sciences de la matière
peut donner l'impression d'une évolution vers l'unification:
Cette évolution vers l'unification des forces peut actuellement se comprendre selon deux approches différentes:
Notre Modèle Standard ne décrit
donc au final que 4 interactions?
Faux. En réalité, et depuis 1967,
les interactions faibles et électromagnétiques ont été
unifiées par la théorie de l' interaction électrofaible.
En 1979, deux physiciens américains (Sheldon Lee Glashow et Steven Weinberg) et un physicien pakistanais (Abdus Salam) reçoivent le Prix Nobel de Physique pour leurs travaux théoriques qui unifiaient en 1967 les interactions faible et électromagnétique.
Les interactions sont modélisées
par les mathématiques sous forme de champ de forces ayant
une "symétrie de jauge".
Sans rentrer dans le détail et pour vous éviter un bonne migraine, disons que cette symétrie de jauge est "un groupe de transformations mathématiques pour lesquelles la dynamique des particules est invariante". |
L'important ici est de comprendre que nos prix
Nobel de Physique démontrèrent que les champs de jauge de
l'interaction faible étaient structuralement identiques aux champs
électromagnétiques. Or la symétrie qu'invoque la théorie
électrofaible imposerait 4 bosons médiateurs de masse
nulle: le photon, le Zo et les deux
W.
Ceci est en contradiction avec les faits. En
1983, Carlo Rubbia a bien découvert au CERN les bosons Zo
et W prévus par la théorie, mais ces derniers avaient une
masse (prévue!), et même une masse énorme de l'ordre
de 90 fois celle du proton!
Comment dès lors concilier cette masse des Zo et W avec la théorie électrofaible?
Les physiciens sont des malins et ils inventèrent
donc un nouveau champ de force appelé champ de Higgs (du
nom du physicien écossais Peter Higgs) se manifestant par l'intermédiaire
d'un mystérieux boson appelé evidemment boson de Higgs.
Ce champ n'agit qu'avec les bosons intermédiaires Zo,
W- et W+ pour
leur donner une masse, mais ne se couple pas avec le photon, préservant
ainsi sa masse nulle. Une fois que le champ de Higgs s'est manifesté,
les deux interactions, électromagnétique et faible, se distinguent
l'une de l'autre. on dit qu'il y a brisure de symétrie.
Dès lors que ce mécanisme de Higgs est introduit dans
les équations, la théorie électrofaible fonctionne
parfaitement bien. Elle a permis de prédire, avec précision,
la masse des bosons intermédiaires bien avant leur découverte
par Rubbia.
Seul
point faible: le boson de Higgs n'a encore jamais été détecté
et son existence est indispensable pour valider la théorie électrofaible.
On espère sa découverte grâce au supercollisionneur
de hadrons LHC du Cern, opérationnel en 2005.
La découverte du boson de Higgs nécessite en effet des
énergies énormes de l'ordre de 100 GeV (GigaélectronVolts).
Seul le futur LHC sera capable de recréer en son sein un environnement
d'une telle densité d'énergie. Or c'est à cette échelle
énergétique que les physiciens pourront peut-être observer
l'apparition du boson de Higgs, puisque ces100 GeV correspondent à
sa masse estimée (n'oubliez pas E = mc² !).
L'interaction
électronucléaire
Il nous reste les interactions gravitationnelles, fortes et électrofaibles.
La théorie de l'interaction électronucléaire est aussi nommée Théorie de la Grande Unification ou TGU (ou GUT en anglais). Elle unifie l'interaction forte et électrofaible.
Cette théorie a été proposé pour la première fois par Sheldon Glashow (encore lui) et Howard Georgi en 1973. D'autres versions ont été proposés depuis: la plus en vogue actuellement porte le doux nom de SU(5). Cette interaction n'est possible qu'à des niveaux énormes d'énergie (plus de 1016 GeV pour les connaisseurs!), conditions qui n'existaient qu'au tout début du big bang.
La théorie SU(5) et les leptoquarks
Car
cette théorie regrouperait 5 particules (l'électron,
le neutrino et les antiquarks d de chaque couleur) en un quintuplet fondamental
. Les autres particules seraient groupées dans un décuplet.
La symétrie de la GUT permet l'invariance de la nature par permutation
d'un lepton (électron, neutrino...) avec un quark: En clair, les
leptons et les quarks du quintuplet seraient transformables les uns avec
les autres, et ces transitions pourraient être possible par l'intermédiaire
de nouveaux bosons appelés des leptoquarks. Ces leptoquarks
seraient ainsi des bosons porteurs d'une charge de couleur et d'une charge
électrique fractionnaire.
Cette théorie permettrait d'expliquer le fait troublant que
la valeur de la charge électrique négative (Q= -1) d'un électron
corresponde à la même valeur (Q= +1) du proton.
Cette théorie
prédit un évènement épouvantable: le proton,
symbole de la stabilité de la matière, aurait une durée
de vie limitée! Cette durée de vie serait de 1031ans;
sachant que l'Univers est né il y a environ 1010
années, il reste de la marge, ouf! D'énormes piscines-détecteurs
de désintégration de proton ont donc été construites:
Un proton émet deux photons g et un positron
e+ en se désintégrant; or
le positron émet un cône lumineux bleu dans l'eau (effet
Cerenkov pour les connaisseurs) que des photo-multiplicateurs peuvent
détectés. Hélas, pour le moment, aucun résultat
positif n'a été annoncé, ce qui rend cette théorie
GUT bien moins solide que la théorie électrofaible.
La théorie GUT pourrait donc unifier toutes les interactions
excepté la gravitation.
La théorie qui inclurait la gravitation dans une superforce
existe: elle s'appelle la "théorie de Tout". Voyons ce rêve
des physiciens...